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Avec Cap Nord Ovest, les contrats de filière al dente

Lorenzo Martinengo (à g.), coordinateur technique de la Coldiretti, et Raffaele Tortalla, associé coopérateur de Cap Nord Ovest, parmi les premiers engagés dans un contrat de filière blé tendre.

Depuis sa création, le Consorzio Agrario delle Province del Nord Ovest, dans la région italienne du Piémont, mise sur les contrats de filière, notamment en céréales, pour rassurer le consommateur.

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Comme de nombreux consortiums agricoles italiens, Cap Nord Ovest est un groupe coopératif polyvalent qui propose agrofourniture, matériel, assurances agricoles, collecte, stockage, séchage. Parmi les petites coops qui composent Cap Nord Ovest, la Catac de Fossano a expérimenté les contrats de filière de la multinationale Barilla. Le concept a été décliné au sein de tout le consortium qui couvre deux régions, le Piémont, à la frontière française, et la Ligurie, soit dix départements. « L’idée est simple : adapter la production agricole à la demande des marchés, en créant plus de valeur ajoutée », annonce Diego Bono, vice-directeur du consortium.

Un conseil indépendant

Cap Nord Ovest s’engage ainsi sur un cahier des charges avec l’industriel agroalimentaire. Reste à d’autres opérateurs de conseiller les fermes sur leurs itinéraires techniques pour arriver à la qualité souhaitée (variété, taux de protéine…). Dans la boucle, la SIS, organisme de recherche agronomique, travaille en étroite collaboration avec tous les opérateurs de la filière pour créer des variétés correspondant aux exigences industrielles. « Les contrats de filière responsabilisent tous les acteurs », tient à préciser Lorenzo Martinengo, coordinateur technique à la Coldiretti, principal syndicat agricole, moteur dans la négociation de ces contrats. En effet, très souvent, par souci d’indépendance, pour éviter les contrats d’intégration, les techniciens ne sont pas des TC du distributeur mais ceux d’un organisme indépendant, par exemple le syndicat agricole.

Lancée avec Barilla, pour le blé dur, la mise en place de contrats a été développée avec d’autres industriels pour le blé tendre, l’orge brassicole, puis le lait, le maïs, le soja, autant de matières agricoles sensibles. La nouvelle réglementation italienne sur l’origine du blé des pâtes contribue à l’attention que les industriels portent aux productions nationales. « Les industriels veulent pouvoir écrire sur leurs produits 100 % blé italien, afin de rassurer le consommateur italien, mais aussi pour renforcer l’image du Made in Italy à l’export », analyse Lorenzo Martinengo. L’explosion de la demande en bio devrait accentuer cette tendance de matières premières agricoles nationales et tracées, qui extrait les agriculteurs des marchés mondiaux grâce à une meilleure valorisation de leur produit.

Assurance perte de récolte offerte

Le Cap Nord Ovest a ainsi engagé dans des contrats de filière 130 ha d’orge brassicole et 1 800 ha de blé tendre panifiable pour des boulangers et pâtissiers industriels spécialisés, comme Mondelēz et Galbusera. Une assurance perte de récolte est offerte par le consortium aux producteurs. Même si les prix d’achat ne sont pas garantis, ni fonction des coûts de production, mais indexés sur les cours, Raffaele Tortalla, associé coopérateur, vend au consortium son blé 210 €/t soit un gain de 20 € par rapport à du blé non tracé. Mais avec un coût supplémentaire (engrais, suivi technique) de 15 €/t, la marge supplémentaire pointe à 5 €.

Maintenir un réseau capillaire

Pour optimiser son engagement, Cap Nord Ovest dispose de plus de 40 sites de collecte dotés de silos de stockage lui appartenant ou loués. Toutes céréales confondues, le consortium récolte 150 000 t, dont 40 000 t engagées dans des contrats de filière. Il doit tenir compte aussi du relief escarpé du Piémont-Ligurie qui ne facilite pas les transports. Les agriculteurs ne sont pas prêts, notamment, à faire des kilomètres pour livrer leur récolte ou acheter leurs fournitures. Cap Nord Ovest maintient donc un point de vente tous les 20 km (soit 70 magasins) et 30 dépôts de carburants. « Nous dépensons 5 M€ par an pour la logistique, mais c’est cette force qui nous distingue de nos concurrents », résume Diego Bono. Pour assurer les livraisons des aliments à la ferme, l’entreprise a par exemple investi dans une dizaine de petits camions, compartimentés en quatre cellules. Ainsi, le groupe coopératif livre de petites quantités à la fois, selon les besoins des exploitations. Quarante livraisons sont effectuées par jour.

Et maintenant la noisette

Fort de son expérience, Cap Nord Ovest se verrait bien élargir son champ d’activité à la noisette, en forte expansion (plus de 23 000 ha) dans le Piémont. Jusqu’en 2018, il avait deux points de collecte et achetait les noisettes au cours du jour. Depuis la récolte 2019, il dispose de six points de collecte et propose des contrats de filière.

Nadia Savin

© Nadia SAVIN - Diego Bono, vice-directeur de Cap Nord Ovest : « Nous dépensons 5 M€ par an pour la logistique, mais c’est cette force qui nous distingue de nos concurrents. »

© Nadia SAVIN - La coopérative assure 40 livraisons à la ferme par jour, grâce à une dizaine de petits camions compartimentés en quatre cellules.

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